Présenté par Jean-Claude Billaud.
INDE Charme et Mystères
SITAR
L’instrument emblématique de la musique Indienne, origine des musiques du monde , est la Sitar. Lorsque le sage prit conscience de la richesse infinie de la musique produite par la vibration d’une seule corde, sa vie changea. La Sitar est en effet l’instrument de musique à l’expressivité la plus étendue. Dès cet instant, il chercha le maître propre à lui faire comprendre les richesses de l’instrument. Il se mit au service de ce maître qui va le former, à cet instrument si particulier, et à son contenu culturel et cultuel . Il va aussi le nourrir, l’habiller…Le maître ne sera payé, par la famille de l’élève que des années après, lorsque ce dernier sera au niveau de la connaissance de la Sitar. Dix ans peut-être seront nécessaire pour cela. Alors l’élève devenu maitre à son tour poursuivra la même tâche de conservation de ce vaste et riche contenu.
Un des meilleurs lieux de cette transmission maître/élève est Bénarès, Varanasi, ville sainte au bord du Gange. Le calme parcours de cette ville permet de comprendre les premières différences. Les ghats, ces grandes marches au bord du fleuve-mère, sont la présentation de si nombreuses diversités. L’eau du Gange, quand à elle, est le symbole, la ligne de vie, une source de prospérité autant que de vénération religieuse. Etant entendu que sa couleur n’attire pas notre bain malgré la température si élevée et le climat moite.
Au bord du grand fleuve les humains vaquent silencieusement, avec dévotion même. Ce monde est calme, calme jusqu’à l’instant ou l’arrivée d’un nouveau corps, civiere descendue par 4 porteurs-coureurs par les ruelles pentues et zigzagantes. Un bref instant , ce cortège attire les regards,. Le bucher de la crémation est préparé, et le cérémonial commence….
RAGGAS
Le musicien Indien , ou l’homme sage pratique le son pour s’approcher de Dieu.
La musique indienne met en belle posture les extrêmes …les sons bas juxtaposés aux sons élevés, cortège usuel en Inde. Pour aborder les séquences musicales significatives il faut tourner autour, on ne rentre pas dedans de but en blanc, mais on sent qu’elle va faire son entrée...on l’attend. En effet, aller tout de go au passage clef serait manquer à ses devoirs, et surtout manquer le langage grave/aigu en alternance qui fait le charme des musiques dans la nuit Indienne. Et ceci comme une voix humaine, car la musique indienne délivre des mots, des sentiments. Elle décrit habilement des situations. L’utilisation des notes graves succède aux notes aigues, pour notre étonnement et notre plaisir de la découverte, on n’est pas là à la fin de nos surprises. L’une d’entre elles sera la dégringolade de grave en aigu à l’intérieur du seul son émis. Le passage d’une note à l’autre pouvant receler des écarts si différents dans le déroulement de la mélodie, que l’on pourrait être désorienté. Sauf à savoir que l’on est dans un autre continent. La lutte de 2 musiciens est le bel exemple.
Alors peut intervenir « le houm », la note magique, début du monde, le fondement de tout, la parole créatrice…la voix descend vers la base grave … éternelle.
Durant le concert dans un moment d’inspiration ou d’extase, le tabla , cette petite percussion sèche/métallique emporte la musique vers de sommets créateurs. Ainsi vers un assemblage de sons, de notes, qui ne sont pas des mots mais des interjections. Le musicien chante cela avant que le ragga ne les interprète. Avant de jouer une phrase on la chantait avec le maitre. Le ragga crée un climat émotionnel selon le moment de la journée ou il s’y présente dans un habit très différent. Lors de son entrée le ragga dont les variations infinies vous approcheront encore de la sérénité. Il aura même les inflexions semblables à la voix humaine. Nulle part ailleurs dans le monde, la musique n’est aussi proche du langage. Ainsi va la vie… en Inde !
Une jeune élève à l’ACADEMIE MUSICALE DE TANJORE